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Les Républicains, pris en étau entre le RN et la majorité, cherchent leur ligne droite pour les européennes

Attablé devant une omelette, Brice Hortefeux lance une métaphore sur le sandwich pour décrire à des journalistes la situation politique de la droite, fin 2023, coincée entre Renaissance et le Rassemblement national (RN). Il la reprendra quelques semaines plus tard dans le Figaro, tout en cherchant à positiver : « Mais ce qu’il y a de meilleur dans le sandwich, c’est souvent le milieu. »
François-Xavier Bellamy va-t-il oser reprendre cette image, samedi 23 mars, lors de son premier meeting de campagne à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) avant les élections européennes du 9 juin ? Pas sûr. Mais le professeur de philosophie comprend sans doute le concept. Tête de liste Les Républicains (LR) pour les européennes (comme en 2019), il multiplie depuis janvier les déplacements thématiques (pêche, agriculture, logement), et court aussi les plateaux pour éviter d’être invisibilisé dans une campagne polarisée, selon lui, par un duel Jordan Bardella-Emmanuel Macron. « Chez Renaissance, le candidat n’est pas Nathalie Hayer mais Macron », répète-t-il au sujet de l’interventionnisme du président de la République.
Un résultat inférieur à 5 % signifierait la disparition de la droite française au Parlement européen. Avec 7 % d’intentions de vote selon un sondage publié le 11 mars – réalisé par Ipsos, en partenariat avec le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), l’Institut Montaigne, la Fondation Jean Jaurès et Le Monde –, la menace plane toujours.
En privé, certains cadres imaginent déjà les répercussions funestes d’un tel scénario. Les plus pessimistes prédisent la fin du parti ou au moins un départ forcé d’Eric Ciotti de la présidence, à l’image de Laurent Wauquiez, en 2019, après les 8,5 % de la liste Bellamy. Eternel inquiet, le Niçois a longtemps cherché une alternative à un Bellamy jugé trop conservateur par certains de son entourage, pour récupérer ces électeurs de droite partis en Macronie. « Bellamy, c’est une ligne à droite toute, qui coupe LR du centre », juge Hervé Marseille, président de l’Union des démocrates indépendants, dont le parti devrait bientôt rejoindre la liste Hayer.
Alors le groupe cherche d’abord une voie de passage entre le bloc central et l’extrême droite pour ces élections européennes. « Il ne s’agit pas d’adopter notre discours en fonction de segments d’électeurs, c’est le meilleur moyen de ne parler à personne », prévient Othman Nasrou, directeur de campagne des Républicains. Mais une élection reste une affaire d’électorat, et celui de la droite s’est rétréci. Chez les cadres, les plus de 65 ans ou encore les catégories aisées, LR subit la concurrence de Renaissance. Les classes populaires – reconquises par Nicolas Sarkozy en 2007 – les boudent et plébiscitent le RN.
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